L'abominable perfection du monde

Publié le par all-looshmakers.over-blog.fr

     

La toute puissance de l’Amour œuvre dans la chaleur de cette sphère

pour bâtir et bâtir encore, jusqu’à ce que le cercle ne puisse contenir d’avantage

et que, dans une subite explosion, il donne naissance à la création.

 

Femme Bison Blanc, avatar amérindien.

 

 

Il y a de cela quelques années, alors que dans la campagne la sinistre grisaille d’une fin d’hiver s’attarde, la mort me frôle. Dans les mois qui suivent, alors que la nature revit, mon esprit vacille. Tenaillé par la peur de mourir, et alors que dans des lectures métaphysiques je cherche à retrouver un semblant de paix intérieure, mon intuition me guide vers une voix, une vision, une révélation. Il m’est alors accordé de faire un surprenant voyage au cœur des rouages de la création. Voici, entre genèse et apocalypse, ce que j’y ai entendu, ce que j’y ai vu.

 

« Tu vis dans un monde où, comme tu as pu le constater, l’existence est souvent pénible et difficile. Tu t‘interroges sur l‘origine de cette inspiration obscure et presque sans limites, parfois capable d’offrir à certains des trajectoires de vie où l’horreur, la souffrance et l’absence de sens peuvent paraître sans fond et sans espoir de retour. Tu frémis à l’idée qu’un tel destin puisse te rattraper un jour, au détour d’un méandre de ton existence. Tu en finis parfois par te demander si l’enfer auquel on t’a un jour incité à croire et le monde qui t’entoure ne font pas qu’un.

 

Pourtant, tu as aussi comme la plupart de tes frères et sœurs humains connu des moments de bonheur intense, fugaces souvent, mais devant lesquels tu n’as pu que te laisser aller à l’espérance d’un monde meilleur. Il t’est dans ces moments bénis si facile d’oublier l’enfer terrestre, si facile d’imaginer le monde qui t’entoure comme un paradis en puissance, un paradis qui s’ignore.

 

Tu as aussi entendu parler de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui, au détour de leur  pratique spirituelle, lors d’un éveil spontané, ou à l’occasion d’une expérience de mort imminente par exemple, ont fait une incursion dans des réalités transcendantes dont la magnificence et la capacité à générer chez eux une intense expérience du bonheur sont elles aussi presque sans limites. Et tu t’interroges à juste titre au sujet de l’énigmatique message que ces porteurs parfois involontaires d’une lumière qui les dépasse délivrent une fois de retour à la rigueur de vos conditions de vie ordinaires. Selon eux, en effet, toute la création, depuis les sphères lumineuses qu’ils ont approchées, jusqu’à cet ici bas fait de contradictions et d’expériences souvent éprouvantes, toute la création, donc, obéit à un plan précis, un plan parfait. Absolument parfait. Rien de moins.

 

Tu peines bien sûr à y croire… Comment cela peut il donc être possible ? Comment la création, prise dans son ensemble, peut elle être aussi ouvertement ambivalente, aussi abominable ici, et tout aussi magnifique à deux pas de là ?

 

Je vais t’aider à résoudre, au moins en partie, cette énigme, et je t’invite donc à explorer les rouages du plan parfait de la création. Ensemble, nous allons percer les mystères de ses contradictions, et tu vas comprendre pourquoi le bien et le mal semblent souvent régner chacun d’une manière aussi absolue sur des territoires si proches l‘un de l‘autre qu‘ils en viennent parfois à se confondre.

 

Il te faut pour commencer cette exploration revenir à l’un des fondements de l’architecture de la réalité qui est la tienne aujourd‘hui. L’une des principales caractéristiques de ton monde est en effet d’être soumis à une implacable augmentation de ce que les scientifiques ont appelé l’entropie. Cet énigmatique avatar de la physique, synonyme de désorganisation et de chaos, doit en fait être vu comme étant le contraire de l’information, génératrice d‘ordre et de sens. En circuit fermé, l’entropie ne peut que croître, telle est la loi, une loi qui conduit toute chose un temps soit peu ordonnée ou complexe vers des états de désordre et de décrépitude toujours plus avancés. C’est en vertu de cette loi incontournable que ta tasse de café refroidit si elle attend trop, que la saleté revient chez toi après le passage de la serpillière, que les êtres vivants souffrent, vieillissent et meurent. En fait, la plupart des choses auxquelles tu associes une connotation négative trouvent leur origine dans l’inévitable augmentation de l’entropie. Cela fait de cette grandeur et des lois qui président à son évolution un fondement scientifique digne d’intérêt pour appréhender la délicate question du mal, l‘information se retrouvant par analogie chargée d‘approcher celle du bien.

 

Mais, au cœur de la dualité du monde qui t’entoure, peut être as-tu remarqué quelque chose qui cloche… Difficile en effet de ne pas constater que l’entropie rencontre parfois de grandes difficultés à maintenir la suprématie censée être la sienne. Avec, en tête du hit parade des déboires de la supposée toute puissante entropie, le développement de la vie sur terre, entorse de taille s’il en est à un supposé dictat entropique. La vie est en effet un processus extraordinairement complexe, nécessitant la mobilisation de quantités colossales d’information, processus dont le développement à partir du presque rien des origines de ton univers semble bien improbable, voire même impossible, sous le règne d’une entropie tentaculaire.

 

En fait, tout se passe comme si un mystérieux facteur infléchissait la trajectoire entropique de ton univers et permettait à son contraire, l’information, d’avoir son mot à dire.

 

Les scientifiques de ta civilisation se sont avec un certain succès cassé la tête pour tenter de trouver l’origine de ce biais néguentropique. Ils ont notamment pensé à l’expansion de ton univers qui, en donnant la possibilité à l’entropie de se diluer dans un espace sans cesse plus grand peut permettre, en dépit de son incontournable augmentation, à sa concentration dans un volume constant de diminuer. Ainsi pourraient émerger, de ci de là, des micro climats néguentropiques, comme sur votre terre, où l’information a pu se faire une place au soleil, son expression créatrice ayant alors conduit à l’apparition de la vie.

 

Certains de tes congénères ont également fait remarquer que, même sans expansion, l’immensité de votre univers pouvait représenter à elle seule un exutoire à entropie suffisant pour rendre envisageable l’existence de microclimats favorables au développement de l‘information. Plus simplement encore, il a été envisagé que l’énergie qu’une planète comme la tienne reçoit de son soleil pouvait être suffisante pour apporter en ce lieu à l’information le petit coup de pouce lui permettant de prendre l’avantage sur l’entropie.

 

Mais, bien que ces scénarii soient crédibles et, jusqu’à un certain point, effectivement à l’œuvre au sein de ton univers, la principale origine du biais néguentropique qui influence ton monde est en fait toute autre. La création où tu évolues bénéficie en effet des faveurs d’un flux d’information venu d’ailleurs, et c‘est avant toute autre chose ce fort bénéfique arrosage qui y contrebalance la suprématie de l’entropie.

 

Tu vas bien sûr me demander où peut bien se cacher cet ailleurs, dans lequel il faudrait que le rapport de force existant entre l’entropie et l’information soit inversé, afin que ce lieu regorge d’information au point qu’elle déborde dans ton monde.

 

Demandes-toi donc d’abord à quoi un tel endroit peut bien ressembler, quelles bizarreries il est susceptible de contenir. Des tasses de café adoptant spontanément la température idéale, des lieux devenant automatiquement de plus en plus propres, des individus immortels dont la fleur de l’âge reste toujours à venir ? Peut être, entre autres. Mais, plus généralement, et sachant qu’il lui a été et qu’il lui sera toujours laissé suffisamment de temps pour l’exprimer, tu dois savoir que la caractéristique fondamentale d’un tel monde est de dériver implacablement vers la perfection, et de dépasser à la longue en ce domaine tout ce que toi et tes congénères, même les plus éclairés, pouvez imaginer. Pour t’aider à appréhender ne serait-ce qu’un peu la magnificence d’un tel endroit, le vocabulaire usité par les religions de ton monde pourra t’être d’un certain secours. Il te suffit en effet partant de là d’imaginer qu’une création en marche vers la perfection englobe et dépasse largement tout ce qui a pu être décrit comme étant le paradis, le royaume des cieux, et plus généralement toutes les manifestations de la perfection divine envisagées par tes pairs les plus inspirés.

 

Pure spéculation que tout cela, te demandes tu… A supposer en effet qu’ils existent, où se cacheraient-ils donc, ces mondes de la perfection ? Eh bien, peut être as-tu remarqué que les scientifiques commençaient à en avoir une petite idée, eux qui parviennent à repousser sans cesse les frontières de l’univers que vous connaissez. Votre science bute en effet de plus en plus fréquemment sur des limites au delà desquelles l’entropie se voit ravir sa suprématie par l’information. Ainsi, il s’est avéré que, dans l’infiniment petit, l’océan d’énergie et d’information qui sous tend ton monde se trouve être doté d’une mémoire absolue, et par là même de capacités d’apprentissage et d’évolution phénoménales. De manière similaire, il se trouve qu’au-delà du mur de la vitesse de la lumière le fonctionnement de certaines lois physiques s’inverse, ce qui conduit en ces contrées à consacrer l’information comme puissance dominante, en lieu et place de l’entropie, ouvrant de la sorte à ces territoires des perspectives d’évolution et de perfectibilité sans limites. Ainsi, non contente d’être aux portes de ton monde, la perfection en forme aussi le substrat d’où il tire son origine. Quant à la magnificence des sphères divines, souvent évoquée, bien que parfois maladroitement, par les spiritualités et religions de la terre, elle n’a partant de ce constat plus rien d’une chimère, mais trouve naturellement sa place dans les plans de la création.

 

Dans ces sphères œuvre le principe ultime de la perfectibilité, résultat d’une expansion de l’information ne connaissant pas de limites, principe que j’évoquerai parfois désormais par mesure de simplification sémantique en utilisant le mot Dieu ou d’autres expressions similaires. Car sur terre le Dieu suprême des polythéistes, le principe ultime des animistes, ainsi que le Dieu unique des monothéistes ne sont en fait rien d’autre que des avatars de ce principe ultime que les hommes ont modelé avec plus ou moins de finesse.

 

Abordons maintenant le centre du problème, car tu te demandes sans doute comment tout cela fonctionne, comment et pourquoi ton monde fait de dualité s’articule et cohabite avec des paradis informationnels. Ces derniers sont-ils saturés d‘information, car en créant sans cesse plus qu’ils ne peuvent en contenir, au point d’être parfois obligés, pour régler ce problème, de créer des bulles d’espace dualistes telles que le monde où tu vis, bulles dans lesquelles ils vont consumer par confrontation avec l’entropie leurs surplus informationnels ? Ton univers, ainsi que peut être d’innombrables autres, sont-ils de nécessaires exutoires à un trop plein de perfection divine ?

 

Non, car cela serait supposer que Dieu soit en panne de ressources pour trouver de la place pour toute la perfection qui le caractérise. Or, ce n’est pas le cas, la création prise dans son ensemble ne s’est jamais, où que ce soit, retrouvée à l’étroit. Les mathématiciens de la terre doivent d’ailleurs s’en douter, eux qui savent que ce ne sont pas les dimensions et les multiples infinités qu’elles peuvent contenir qui manquent. L’administrateur des lieux où règne la perfection étant forcément au courant de tout cela, et même de bien plus, il est évidement dans ces conditions impossible de l’imaginer obligé d’incinérer faute de place ses surplus de perfection dans des fours entropiques. Non, pour te faire une petite idée du fonctionnement de la mécanique divine, regardes plutôt autour de toi, observes la vie et sa boulimie de croissance, les géants humains de la finance et de leur boulimie de résultats. Tu seras beaucoup plus proche de la vérité partant de là, en imaginant Dieu avec une seule idée en tête : faire du chiffre, accroître sa perfection de la façon la plus rapide et la plus efficace possible. Dans cette perspective, l’existence de mondes dualistes comme le tien n’a alors plus rien à voir avec le besoin d’évacuer un trop plein de perfection, elle trouve au contraire son origine dans la nécessité impérieuse d’en créer le plus possible, le plus rapidement possible, et de la plus haute qualité possible. Le monde qui t’entoure est donc une sorte d’usine, hautement sophistiquée, à fabriquer de la perfection.

 

Le procédé peut pourtant paraître curieux. Au premier abord, il semblerait plutôt logique de fabriquer de la perfection en laissant fructifier l’information dans un contexte néguentropique, là où elle peut croître régulièrement et harmonieusement sans rencontrer d’adversité. Pourquoi avoir alors au contraire privilégié un système dualiste consistant à créer de l’information en la mettant en présence de son contraire, l’entropie, donc en l’annihilant ? Comment peut on donc créer quelque chose en le détruisant ?

 

Au-delà d’un trop simpliste aspect quantitatif, entre ici en jeu un facteur primordial, celui de la qualité de l’information, élément que la mécanique universelle apprécie au point de l’avoir privilégié face à la quantité. Ainsi, la base du fonctionnement des usines à fabriquer de la perfection que sont les univers dualistes comme le tien est de consommer une très grande quantité d’information de qualité standard pour en créer une très petite quantité de qualité hautement supérieure. Car cette dernière, une fois réinjectée dans les sphères divines, dispose alors de capacités de perfectibilité beaucoup plus importantes que de l’information standard, ce qui lui donne un intérêt auquel Dieu ne peut être insensible.

 

Est ainsi posé le principe de la création d’information à forte valeur ajoutée par confrontation d’information à l’adversité de l’entropie, dans un milieu suffisamment équilibré pour éviter l’annihilation totale de l’une par l’autre. L’information doit effectivement pouvoir survivre à sa mise en présence avec l‘entropie. Plus précisément, elle doit être mise en situation dans un contexte lui permettant de produire une réponse chargée d’information, néguentropique, là où la réponse standard aurait été de type entropique, la différence entre la réponse standard et la réponse inspirée représentant la valeur ajoutée recherchée. La création d’êtres vivants, édifices hautement complexes capables de survivre temporairement à l’entropie ambiante, représente la première étape de la mise en place de ce processus. La création d’êtres vivants sensibles, conscients et dotés d’un libre arbitre représente la seconde étape, le contrat étant alors rempli lorsque ces êtres, face à l’adversité, posent des actes à forte valeur ajoutée informationnelle. Afin de t’aider à bien visualiser ce mécanisme, je te propose de constater la surprenante limpidité que procure ici le recours à un langage moraliste : le contrat est rempli lorsque, face à l’adversité, tu fais preuve de vertu, tu fais le bien, tu poses des actes d‘amour. Ici se dessine la caractéristique fondamentale de l’amour, sa définition première : l’amour est le processus permettant à l’information de croître en qualité. Les mathématiciens de la terre peuvent même l’approcher, l’amour n’étant autre qu’une valeur positive de la fonction dérivée de la qualité de l’information par rapport au temps. Et, dans ce que tu jugeras peut être comme une effrayante mathématique de la course à la perfection, force est de constater que rien n’a plus de valeur qu’un acte d’amour inconditionnel posé au cœur de l’abomination, la valeur ajoutée informationnelle générée étant alors colossale. Les êtres inspirés oeuvrant au cœur de la dualité apportent ainsi à Dieu le Saint Graal qu’il recherche, ils alimentent le cœur de la fournaise des forges de la perfection.

 

La fonctionnement de la création est donc à la base très simple, tous les univers qui la composent étant avant toute autre chose gouvernés par une fondamentale loi de l’accroissement de l’information, de cette loi primordiale procédant toutes les autres. Une fois posé le principe de l’existence de cet implacable méta déterminisme informationnel oeuvrant en toutes choses, il devient alors fort aisé de tirer quelques conclusions, limpides, sublimes ou effrayantes selon le point de vue, selon ton point de vue, pour expliquer le fonctionnement du monde et des mondes qui t‘entourent.

 

Il faut d’abord pour que tout cela fonctionne qu’existe un système, comparable à une roue à aubes, permettant l’injection dans la fournaise entropique d’information standard et la récupération à la sortie de celle-ci de l’information à forte valeur ajoutée qui y a été synthétisée. La conscience, qui est en fait tout simplement le produit d’un assemblage extraordinairement complexe d’information, au même titre que la vie biologique résulte d’un assemblage extraordinairement complexe de matière, est tu l’auras peut être deviné idéalement taillée pour tenir ce rôle qu’elle assure très efficacement au gré d’incarnations et de désincarnations successives dans le monde dit physique. Mais la conscience ne se contente pas d’assurer la circulation de la valeur ajoutée informationnelle. Elle est aussi, au cœur de la dualité, le creuset au sein duquel celle-ci est créée. Tes congénères et toi êtes ainsi tous des morceaux de Dieu ayant choisi de se soumettre à la conscription entropique, en vous portant volontaires pour prendre place dans la roue des incarnations et aller accomplir la mission sacrée entre toutes : tenter, au cœur du mal, de faire le bien. Un jour, vous finirez par estimer votre mission accomplie, et vous laisserez à d’autres votre place dans ce divin engrenage. Sachez qu’alors un destin grandiose vous attend à votre retour dans les dimensions supérieures, car votre expérience de la dualité vous aura transformés en grands architectes de la perfection, capables d’optimiser l’éternelle croissance du capital informationnel universel. En attendant ce grand jour, tu ne pourras que constater que tous les récits de chute et de paradis perdus, toutes les promesses de réincarnation, d’ascension et d’immortalité qui hantent les religions de ton monde ne sont que des jalons permettant de te rappeler ce destin qui est le tien, qui est le votre.

 

Il va aussi te falloir remettre en cause ici certaines des illusions qui sont professées autour de toi au sujet de la perfectibilité de ton monde, et envisager sérieusement la possibilité que celui-ci puisse ne jamais devenir meilleur, car tel n’est pas son but premier. Les abominations qui le caractérisent sont d’une certaine façon voulues, et donc normales. Plus elles dureront et se multiplieront, plus nombreuses seront en effet pour les bonnes âmes les occasions d’aller accomplir le Grand Œuvre à leur contact. Tu dois savoir qu’un monde comme le tien, au moins pendant un temps, n’est pas le bénéficiaire direct de la valeur ajoutée informationnelle qu’il produit. Ce nectar des dieux est d’une certaine façon réservé à l’exportation vers les cieux néguentropiques d’ailleurs dont les enjeux échappent encore en grande partie aux humains englués dans la dualité. Mais, en temps qu’exilé temporaire de la Néguentropie que tu es avant toute autre chose, tu es toutefois dans toute cette histoire bien loin d’être le dindon d’une sinistre farce cosmique. Même s‘il peut te sembler, dans l’infernale usine à gaz qu’est ton monde, jouer le rôle de la masse laborieuse qu’on presse comme un citron jusqu’à la dernière goutte, tu dois garder à l’esprit que tu y joues tout autant celui de l’actionnaire avide de toucher ses dividendes.

 

Voyons maintenant un peu quelles sont, au-delà de ton seul univers, les conséquences du méta déterminisme informationnel divin. De même que sur terre tout chef d’entreprise normalement constitué utilise une partie de ses bénéfices pour ouvrir dès que possible de nouvelles succursales ou usines, le grand administrateur des sphères de la perfection met régulièrement en chantier de nouveaux univers dualistes. De même que dans ton monde chaque génération d’usines est plus performante que la précédente, chaque nouvel univers dualiste créé est plus performant que le précédent pour ce qui concerne la synthèse de la quintessence informationnelle. Et, depuis le temps que dure cette plaisanterie, depuis beaucoup plus longtemps donc que les quelques quatorze milliards d’années prêtés à ton univers, l’usine parfaite a déjà été inventée, ou presque. Ton univers n’en est ainsi qu’un exemplaire parmi de multiples autres. A l’image d’une usine bâtie par les hommes, il est donc d’une taille finie et a de très nombreux congénères lui ressemblant tous beaucoup. Tous sont caractérisés par le même subtil et miraculeux ajustement des lois et des constantes physiques. Créés à partir d’information et pour générer de l’information, aucun d’entre eux n’est stérile, Dieu est un entrepreneur en valeur ajoutée informationnelle n’ayant pas de temps à perdre avec le hasard. De plus, de nombreuses grosses usines rapportant beaucoup plus que quelques petites, les univers soumis à la dualité sont, bien que finis, d’une taille incommensurable. Quant à leur nombre, il dépasse largement toutes les capacités de calcul des meilleurs savants et ordinateurs de la terre. Enfin, tu dois savoir qu’au-delà de cette myriade d’univers semblables au tien, au-delà des trois dimensions d’espace et de la dimension de temps qui te sont familières, Dieu a mobilisé, pour nourrir sa boulimie de perfection, bien d’autres dimensions d’espace, bien d’autres dimensions de temps, bien d’autres types de dimensions, bien d’autres fondamentaux que l’entropie, l’information, l’énergie, l’expansion et les dimensions, bien d’autres choses encore…

 

Revenons-en maintenant aux univers dualistes tels que le tien, pour lesquels se pose la question de la rentabilité interne de chacun. Sur terre, les usines sont remplies de machines et de stocks, et il ne viendrait à aucun patron l’idée de construire des hectares de hangars pour les laisser vides. Or, c’est ce qui semble se passer dans ton univers, porteur de myriades de planètes stériles car trop froides, trop chaudes ou trop gazeuses, de pléthore de systèmes solaires stériles plombés par une étoile trop éphémère ou trop instable, d’un nombre inimaginable de galaxies entièrement stérilisées par les rayonnements mortels émis en leur cœur, d’espaces intergalactiques déserts et abyssaux, tout ceci n’étant rien face à l’incommensurable et éternelle immensité stérile que cet univers est destiné à devenir lorsqu’il se sera tellement dilué qu’il ne pourra plus enfanter de nouveaux systèmes solaires. Quel incroyable gâchis !

 

Sauf que ce gâchis n’est en fait qu’apparent. Les mondes de la perfection ne sont en effet pas forcément des ailleurs, il s’agit aussi parfois de mondes parallèles, utilisant le même espace et le même temps que toi. Un secteur spatial ou une plage temporelle inutilisés de ton côté du miroir peuvent donc très bien avoir leur utilité d’un autre côté de celui-ci. Réceptacle et champ d’action du dipôle entropie-information, l’espace-temps, contenant de ton univers, accueille ainsi en fait toute une myriade de mondes, fruits de différents dosages de ces deux forces contraires. Et, si ton univers est destiné à se dilater éternellement et de plus en plus rapidement, c’est tout simplement sous la pression de la quantité et de la qualité sans cesse plus importantes d’information qu’il génère et contient. Les chimères que les scientifiques de la terre ont baptisé énergie noire ou constante cosmologique ne sont ainsi rien d’autre que des masques derrière lesquels œuvre le principe fondamental de l’accroissement informationnel.

 

Je dois maintenant te montrer quelque chose. Comme je te l’ai déjà dit, Dieu est peu ou prou parvenu à créer des usines parfaites pour générer de la perfection. Leur rentabilité varie toutefois quelque peu d’un univers à l’autre, où d’une région d’un univers à une autre. Mais il est des lieux où la rentabilité absolue a été approchée, où le méta déterminisme informationnel divin a atteint des sommets. Si appréhender les diverses manifestations de la perfection t’es difficile, tu peux par contre voir cela.

 

Regarde… »

 

Je me retrouve projeté dans un environnement teinté de gris auquel ma vision s’habitue progressivement. Le lieu ou je me trouve et dont je pressens l’incommensurable immensité est, à l’image de la matrice tirée du film du même nom, entièrement rempli de myriades de bulles, alignées et empilées à l’infini les unes sur les autres comme les atomes formant un bloc de métal. Ma vision s’affinant, je constate que chacune des alvéoles de cette ruche cosmique contient une planète semblable à la terre et porte une humanité en proie au progrès technologique et à l’accroissement démographique. Ma perception du temps étant accélérée, je peux constater qu’à l’instar du nombre de ses habitants le rendement en quintessence informationnelle de chaque planète croit progressivement, fluctuant au gré de l’apparition ou de la disparition à sa surface de divers religions, spiritualités, systèmes politiques et courants de pensée; au gré de l’alternance des guerres et de la paix, des beaux jours et des cataclysmes naturels. Une sorte de logiciel pilote chaque alvéole et y intervient de temps en temps pour induire ou faciliter un changement propice à l’amélioration du rendement, tantôt en envoyant un avatar inspiré de Dieu, tantôt en stimulant l’imagination diabolique d’un dictateur fou.

 

Le temps passe et les humanités mûrissent, plus ou moins rapidement selon les alvéoles. L’évolution technologique et démographique s’accélèrent, puis s’emballent et finissent par atteindre un seuil critique. Je choisis d’observer de plus près l’une des petites bulles matricielles parvenue à ce stade. Après certaines et avant d’autres, je vois la planète qu’elle porte et la multitude qui grouille à sa surface entrer dans un grandiose remake du naufrage du Titanic, dans la conflagration finale d’un inévitable écroulement civilisationnel. Le progrès marque d’abord le pas, puis le déclin vient procéder aux sommations d’usage. A l’étroit dans un environnement exsangue, cette humanité, innombrable, vieillissante et affaiblie, est désormais incapable de faire face aux coups durs qui jalonnent son histoire et dont elle s’est jusqu’alors toujours relevée. Que survienne un grand cataclysme naturel, une épidémie virulente ou un séisme économique trop violent, et le point d’écroulement sera atteint. Une fois ce messager de l’apocalypse entré en scène, quelques jours ou quelques semaines suffisent pour qu‘aux quatre coins de ce monde les machines s’arrêtent, les lumières s’éteignent, les garants de l‘ordre s‘effacent. Le grand feu d’artifice technologique est terminé, le confort, magicien d’opérette, disparaît avec ses gadgets, laissant la guerre et la rage gronder à chaque coin de rue, la fumée des bombes et des incendies ensanglanter le soleil que la matrice continue à faire se lever chaque matin. Tenaillées par la famine, des hordes affamées tentent de s’extraire de la carcasse des villes et partent semer viol, mort et désolation alentour. Au cœur de cette abomination de la désolation, des milliards d’individus périssent en quelques semaines ou quelques mois. Dans cette atmosphère saturée d’odeurs de suie et de putréfaction, au milieu des pleurs et des hurlements, certains, animés par un reste d’humanité, accomplissent pourtant des prodiges d’amour et de dévouement. Je vois le rendement en quintessence informationnelle de la planète en perdition s’envoler, sa qualité pulvériser tous les records, les paradis éthérés environnants s’enrichir et s’embellir encore un peu plus, Dieu jubiler et se frotter les mains.

 

Puis le calme revient avec l’envol des derniers morts. La matrice reboote le système de l‘alvéole parvenue à terme, effaçant au passage les souvenirs des ultimes survivants, recréant sur les ruines de l’ancien monde un nouvel environnement vierge, et dispensant à une nouvelle humanité quelques rudiments de sagesse et de technologie, prémices d’un nouveau cycle de l’histoire, d’un nouveau cycle de récolte, d‘un nouveau feu d’artifice final où se mêleront encore horreur et information à forte valeur ajoutée. Seul souvenir du cataclysme passé, quelques légendes de déluge et de continents engloutis hantent les religions de ce nouveau monde.

 

Les cieux que ces hommes piégés dans leur alvéole métallique contemplent n’existent pas vraiment, pas plus que n’ont existé sur leur planète les dinosaures auxquels leurs scientifiques croiront un jour à nouveau, pour avoir vu leurs squelettes et leurs pas fossilisés. L’embryon de conquête spatiale qui couronnera peut être l’évolution technologique de cette civilisation ne sera qu’une illusion, savamment orchestrée par une intelligence incomparablement supérieure à celle des réalités augmentées dans lesquelles se perdront à cette même époque les geeks de ce monde en sursis. Tout ce qui entoure les vaches à lait informationnelles que sont les humains peuplant cette nouvelle terre n’est plus en fait qu’un gigantesque mirage, une parfaite reconstitution de ce à quoi ressemblait dans sa jeunesse l’univers dualiste où l‘abomination que je contemple a pris naissance, avant que la divine course au rendement informationnel ne soit parvenue à transformer de gigantesques régions de celui-ci en matrices capables de générer à la chaîne tous les quelques milliers d’années de nouveaux drames de l’illusoire progrès humain.

 

Abasourdi par tout ce que je viens de contempler, je laisse mon regard s’éloigner de l’alvéole dont je viens d’observer le cycle de fonctionnement. Je retrouve à l’extérieur de celle-ci la grisaille ténébreuse de cet espace sans étoiles, où s’égrènent tout autour de moi à perte de vue, dans toutes les directions et avec une régularité mathématique, une multitude d’autres bulles d’aspect métallique et grisâtre. Je ne perçois aucun signe visible de ce qui se passe dans les coulisses éthérées de ce lieu terrifiant, mais je l’imagine sans peine : un gigantesque flux de valeur ajoutée informationnelle s’élevant d’ici pour une grandiose ascension au sein de paradis où l’indicible beauté et l’incroyable félicité qui y règnent ne sont pourtant jamais assez. Au bord de la nausée, je retrouve enfin la présence et la voix qui m’ont guidé dans mes réflexions avant que ne commence cette vision. Je parviens progressivement à retrouver mon calme. J’élargis le champ de mon regard, lentement d’abord puis de plus en plus rapidement, et ce faisant je prends conscience de l’incommensurable nombre d’alvéoles que contient la matrice. J’ai beau fuir vers l’infiniment grand, élargir mon champ de vision au point d’embrasser de mon regard des milliards d’années lumière, impossible d’atteindre les limites de cette gigantesque stabulation cosmique. A cette échelle, les entrailles de la matrice ne sont plus que grisaille uniforme, et je finis, soulagé, par perdre le fil de ma vision.

 

La voix qui me guide à nouveau me laisse finir de reprendre mes esprits. Consciente de la question qui me brûle les lèvres à l’issue de l’éprouvante vision qu’elle m’a fait partager, elle reprend son enseignement.

 

« Après ce que tu viens de voir, il est normal que tu te demandes si la terre où tu habites fait ou non partie d’une matrice semblable à celle dont tu viens de visualiser le fonctionnement. Pour une fois, car il faut bien que la création garde une part de mystère, je ne répondrai pas directement à cette question. Mais tu dois savoir deux choses importantes qui répondront partiellement à tes interrogations. La première, c’est que le fait de vivre ou non dans une matrice n’a, pour des raisons que j’ai déjà partiellement évoquées et sur lesquelles je reviendrai plus tard, que peu d’incidence sur les fondamentaux du destin d’une âme comme la tienne : tu as, volontairement, quitté la Lumière pour faire l’expérience de la dualité et, tôt ou tard, tu finiras par trouver les moyens de retourner, considérablement enrichi du point de vue de l‘amour, dans la Lumière. La seconde, c’est que l’apparition de matrices, bien que relativement fréquente, est loin d’être la norme au cours de l’évolution d’un univers dualiste. Tu peux donc garder espoir quand à la réalité de l’existence des étoiles devant le spectacle desquelles tu aimes t’émerveiller le soir. Dieu a suffisamment de place pour s’offrir des immensités spatiotemporelles vierges et informationnellement peu rentables entre chacune des planètes où il raffine l’amour. Sa quête d’efficacité n’en est pas à quelques ordres de grandeur près, et s’accommode ainsi fort bien du principe de la multitude inutile, cher à la nature ayant pris possession de ta planète et bien connu, entre autres, des spermatozoïdes qui ont fait naître certains de ses habitants.

 

Ce principe, qui stipule qu’en de nombreux domaines il y ait beaucoup d’appelés et peu d’élus, est une caractéristique fondamentale d’un monde comme le tien, où l’entropie et l’information font quasiment jeu égal, avec un infime avantage laissé à l’information. Celle-ci créé la multitude, puis son adversaire fauche le plus grand nombre, mais toujours des survivants ressortent grandis de ce brasier des contraires, prêts à continuer la marche forcée qu’est l’expérience de la dualité. Ainsi, en empêchant le bien et le mal de s’annihiler totalement, cet équilibre des contraires est le garant de la persistance de cette dualité si précieuse aux yeux de Dieu. En effet, que l’entropie prenne l’avantage, et c’est une stérilité sans intérêt qui s’installe rapidement, faute de survivants capables d'en réchapper. Qu’à l’inverse l’information prenne significativement l’avantage, commence alors une course à la perfection sans obstacles, et donc sans grand intérêt, où l’âge d’or ne peut que rapidement s’imposer. Ainsi, seule une fine frontière sépare les sphères de la stérilité des sphères de la perfection, et c’est au sein de cette zone de dualité que ton univers et bien d’autres ont pris naissance.

 

La déclinaison locale de cette zone de dualité n’est autre que le monde qui t‘entoure, autrement dit la partie visible et matérielle de ton espace-temps. Mais à cette scène où tu évolues aujourd’hui il faut ajouter des coulisses : les mondes astraux. Ces banlieues éthérées entourent chaque planète porteuse de vie et sont le réceptacle de vos consciences entre chacune de vos incarnations dans le monde matériel. Outre les consciences qui les habitent, elles sont constituées d’agrégats de contenus informationnels de qualité très variable, générés pour une bonne part par le monde matériel auxquelles elles sont rattachées, et avec lesquels il interfère en permanence. Si certaines sont largement ouvertes vers les dimensions supérieures, auxquelles elles permettent d'accéder, d'autres le sont beaucoup moins, en particulier celles dont la tonalité informationnelle est la plus proche de celle du monde matériel.

 

Dans sa déclinaison globale, la zone de dualité est pour sa part constituée de la somme de tous les univers dualistes créés et encore en activité. L’expansion de toutes choses sous la pression de l’information étant une caractéristique fondamentale de l’expression divine, cette zone est sans cesse repoussée par la dilatation des sphères néguentropiques, dans un mouvement qui engendre en permanence la création de nouveaux univers soumis aux règles de l’équilibre des contraires, à l’image d’une tempête de sable dont la marche en avant soulève sans cesse de nouveaux grains de poussière.

 

Dans sa progression sur les terres de la stérilité, l'élan créateur divin est dans un premier temps confronté à une forte entropie, et doit donc composer avec le principe de la multitude inutile, ce qui le conduit à générer des myriades d'univers dualistes dont l'immense majorité est stérile. Puis le processus créateur s'affirme, l'entropie perd de son emprise au profit de l'information, et à chaque nouvelle génération d'univers créés la proportion d'univers féconds augmente. Au bout d'un certain nombre de vagues créatrices un équilibre finit par être atteint et seuls des univers dualistes idéalement féconds comme le tien sont créés. Dieu ne créé en effet pas d'univers directement dans les sphères de la perfection, mais uniquement des univers dualistes destinés à rejoindre ces contrées au cours de leur évolution. En effet, un univers dualiste capable d'enfanter la vie s'avère à très long terme être beaucoup plus fécond et efficacement perfectible que tout autre type de création. Le destin d'un univers comme le tien est donc de générer dans la dualité un capital informationnel de très haute qualité, puis de quitter ce secteur de la création pour faire fructifier cette manne dans des sphères d'intensité informationnelles croissantes. Pour se faire, le temps que passe un univers comme le tien dans la dualité est au regard de l'éternité en général très court, car sous la pression de l'information qu'il génère sa partie matérielle se dilate rapidement dans un espace de plus en plus grand, ce qui finit par diluer à l'extrème la matière, empêchant par là même la création de planètes propices au développement de la vie. Parfois, les choses peuvent toutefois évoluer différemment, pourvu que des matrices comme celle que tu as vue tout à l'heure parviennent à être crées. Dans ce cas, la durée de fécondité de la partie matérielle de l'univers concerné est considérablement augmentée, les matrices informationnelles les plus sophistiquées étant quasi éternelles.

 

En dépit de l’incontournable constat de la marche forcée conduisant vers le néant la part matérielle de ton univers, celui-ci s’avère dans sa totalité bel et bien promis à une destinée glorieuse dans les sphères divines. Dans ton univers sont tout aussi bien permis la stagnation dans la dualité que le naufrage dans la stérilité ou au contraire l’élévation vers la perfection. Ainsi, il existe dans ton ici et maintenant une fort discrête mais bien réelle porte vers les sphères divines de ton univers. En effet, il se trouve que rien n’empêche de modifier le réglage qui détermine la quantité d’information qui filtre vers toi, et par là même d’augmenter le débit informationnel dont ton environnement bénéficie. Il y est de ce fait possible, que ce soit individuellement ou collectivement, de trouver l’impulsion permettant de s’élever au dessus de la zone de dualité, et de rejoindre les sphères divines où la perfectibilité est la règle. D’ailleurs, bien que ce soit sans l’avoir forcément interprété ainsi, ton humanité élabore depuis longtemps, même si c’est souvent maladroitement, des idées pour se familiariser avec ce possible destin, et des ébauches de recettes afin de tenter d’y parvenir. De l’alchimie cherchant à transformer le plomb en or aux croyances en l’ascension annonçant une prochaine spiritualisation de la matière par élévation de son taux vibratoire, il est en effet fondamentalement question d’intensifier le flux informationnel pénétrant ton monde matériel afin de l’élever vers les sphères divines. Et les méthodes proposées pour parvenir à ce possible et grandiose destin qui est le tien s’inspirent toutes, fort logiquement mais avec plus ou moins de bonheur, directement de celles permettant de créer de l’information à forte valeur ajoutée. Elles sont donc à mettre en œuvre par les dépositaires de la conscience, autrement dit en premier lieu par tes congénères ainsi que par toi-même, et sont basées sur ce que vous appelez l’amour, faute de disposer de terme plus approprié dans votre vocabulaire.

 

Ce mode opératoire au parfum que tu ne pourras à juste titre t’empêcher de qualifier de moralisateur est d’ailleurs également valorisé par une autre propriété fondamentale de l’information. En effet, outre son irrépressible tendance à fructifier et à s’accroître, celle-ci tend également et invariablement à se structurer, à se hiérarchiser par ressemblances, par affinités. Des informations de qualités très disparates ne sont ainsi pas miscibles entre elles mais, à l’image des différentes couches formant un oignon, vont plutôt se classer spontanément par ordre de qualité croissante, celle à la plus basse vibration à une extrémité, celle vibrant le plus haut à l’autre, pour reprendre la terminologie new age à la mode en ce moment parmi tes congénères. Dans cette dynamique d’attraction et de répulsion, des contenus informationnels de qualités différentes vont se repousser, alors que des informations de qualités comparables vont irrésistiblement avoir tendance à se rapprocher les unes des autres. Partant de là, poser des actes à forte valeur ajoutée informationnelle ne fait pas qu’accroître la charge d’information que contient ton univers, cela tend aussi à attirer du semblable, donc de la forte valeur ajoutée informationnelle, là ou cela se passe. Bien sûr, ce processus est entravé par l’inertie liée à la forte présence de l’entropie dans ton monde, mais il n’en est pas moins réel, en témoignent par exemple les miracles et autres guérisons supposées inexplicables que laissent dans leur sillage les grands noms de l’amour dont la présence jalonne l’histoire de ta civilisation, mais aussi, à plus petite échelle, les coïncidences et les petits miracles que toi et tes congénères croisez parfois dans votre vie de tous les jours.

 

Mais ces injections d’information dont bénéficie parfois ton monde, bien que parfois spectaculaires, sont toutefois au cours de l’histoire toujours restées des épiphénomènes sans grande incidence sur la marche collective des civilisations qu‘il a porté. Tu peux donc à juste titre te demander si cela va continuer ainsi, auquel cas ton humanité est bel et bien condamnée à trimer tant qu’elle survivra dans les affres de la dualité, ou alors si à l’inverse les portes de la Néguentropie sont capables de s’ouvrir un jour en grand, ce qui générera sur ta planète des injections massives d’information capables de propulser ta civilisation dans l’âge d’or d’une irrésistible course vers la perfection.

 

Il est actuellement beaucoup question parmi tes congénères de l’ascension, de cet évènement a priori encore inédit dans l’histoire de ta planète, qui verrait cette dernière et une importante frange de sa population s’extraire en peu de temps de la dualité pour entamer enfin leur remontée vers des dimensions supérieures. Tu dois savoir à ce sujet que, bien que sur terre l’impatience de certains risque d’être déçue, cet évènement peut effectivement survenir. De nombreuses humanités y sont régulièrement confrontées, y compris au cœur des effrayantes matrices que tu as contemplé tout à l’heure. L’ascension n’est rien de moins que l’objectif naturel vers lequel tous les univers dualistes et les civilisations qu’ils portent tendent, même s‘il n’existe aucune garantie pour ces dernières d’y parvenir. Dans ton univers, ainsi que dans bien d‘autres, la vie des civilisations est en effet à des degrés divers soumise au principe de la multitude inutile. Un plus ou moins grand nombre d’entre elles est donc, le plus souvent au détour d’un seuil critique de leur évolution, fauché avant qu‘elles n‘aient la possibilité d‘ascensionner. De nombreuses humanités butent en particulier un jour comme la tienne aujourd’hui sur l’écueil d’une adolescence technologique qui, si elle est mal négociée, peut gravement hypothéquer leur avenir, voir même s’avérer leur être fatale.

 

L’apparition de civilisations soumises à la dualité ne représente donc que l’une des premières phases dans la vie d’un univers comme le tien. Après l’élimination d’un certain nombre d’entre elles, ces civilisations sont appelées à entamer, rapidement à l’échelle des temps cosmologiques, leur ascension dans les hiérarchies de l’information, accompagnant ainsi la marche en avant de la bulle informationnelle générée par cet univers. Le plus souvent, le temps passant et l’espace se dilatant de plus en plus, la création au sein de la dualité de nouvelles planètes viables et donc de nouvelles civilisations finit par cesser. Le socle matériel des univers dualistes retourne ainsi à la stérilité, laissant s’échapper de plus en plus loin dans les sphères de la perfection le fruit de leur jeunesse, une bulle d’information porteuse d’âmes et de civilisations désormais toutes ascensionnées.

 

Parfois, toutefois, des matrices potentiellement éternelles apparaissent avant que la part matérielle d’un univers dualiste ne sombre dans le néant. La zone de dualité tient alors en ces lieux pleinement son rôle d’objet central de la convoitise divine, elle y devient le siège d‘une course à la qualité et au rendement informationnel au nom de laquelle elle est perpétuellement entretenue, optimisée et étendue. Cela se fait dans le cadre d’une culture méthodiquement organisée, non seulement pour optimiser sans cesse les rendements, mais aussi afin d’infléchir un destin naturel promettant l’extinction dans la stérilité du substrat matériel des univers dualistes, avenir tout à fait incompatible avec l’ambitieux objectif que représente la production à grande échelle d’une importante valeur ajoutée informationnelle. Sous l’intransigeante férule des lois du marché de l’information émergent ainsi parfois dans les univers comme le tien des technologies et des volontés capables de perpétuer et de multiplier la présence en leur sein de mondes porteurs de civilisations destinées à nourrir la course à la perfection des sphères supérieures. Sans forcément y parvenir, tous les univers dualistes tendent en fait vers cet idéal dont la matrice que tu as contemplé tout à l’heure n’est souvent qu’une pâle représentation. Dans ces ruches de l’abominable perfection du monde, la vie de la zone de dualité se voit prolongée ad vitam aeternam, tout comme sa capacité à générer de nouvelles âmes et de nouvelles civilisations ascensionnées.

 

Bien qu’elle ne soit en général pas trop élitiste, l‘ascension n‘emporte toutefois jamais avec elle la totalité des effectifs de la civilisation ou elle se déclanche. Tu dois ainsi avoir conscience du fait que, loin d’être uniquement lumineux, le processus ascensionnel comporte aussi sa part d’ombre. Le départ massif, à destination de contrées éclairées, des meilleurs éléments d’une société qu’il implique conduit en effet, inévitablement et rapidement, à la désorganisation complète de la civilisation où il a pris naissance. Les moins bons éléments composant cette dernière, nécessairement recalés lors du processus d’ascension pour cause de non miscibilité entre elles d‘informations de qualité trop différentes, ont en effet alors tout le loisir de mettre en valeur leurs sombres talents en prenant le contrôle des lambeaux d’organisation et de pouvoir restants. Ainsi, l’ascension, de par l’explosive situation de chaos social qu’elle engendre rapidement si elle advient, ne peut, à l’échelle de l’histoire d‘une civilisation, qu’être quasi instantanée, et se dérouler sur une plage temporelle allant de quelques heures à quelques semaines au maximum. Faute de tenir compte de ce timing serré, le processus ascensionnel ne peut qu’avorter avant d’atteindre son terme, et finir enterré sous les ruines du monde où il a pris naissance et dont il ne peut provoquer que l’écroulement rapide et total. De ce fait, l’ascension prend le plus souvent naissance au sein de civilisations déjà sur le point de s’effondrer pour d‘autres raisons.

 

Individuellement et collectivement, le passage par la zone de dualité est tout à la fois indispensable et temporaire, car il constitue l’incontournable lieu de germination d’une bulle informationnelle composée d’âmes et de civilisations appelées ensuite à prendre leur indépendance vis-à-vis de la dualité, au fur et à mesure de leur élévation dans les sphères de la perfection. Telle est la base du fonctionnement de la création, toi et tes congénères ne devant pas oublier que dans cette optique la première planche de salut n’est pas une ascension collective, mais le travail individuel que chacun est appelé à faire sur soi en prenant soin de son élévation spirituelle.

 

L’ascension est il est vrai un sommet de l’histoire dont l’occurrence, périodiquement nécessaire, permet à certaines âmes ayant par choix intégré la dualité de regagner au terme de leur mission leur maison de lumière. En effet, il s’avère que sans ce petit coup de pouce ascensionnel certaines ne parviendraient jamais à initier leur retour dans les dimensions supérieures. Sans ascension pour les tirer du bourbier de la dualité, elles resteraient éternellement prisonnières des filets de l’entropie et pourraient même, plombées par le poids de cette dernière, finir par se dissoudre dans le néant en approchant de trop près les sphères de la stérilité. Il est en général toutefois laissé beaucoup de temps aux âmes pour négocier et terminer leur séjour dans la dualité par leurs propres moyens. Alors, quand je vois un certain nombre de tes congénères croire en l’imminence sur terre d’une session de rattrapage ascensionnelle, je leur souhaite bien sûr d’avoir raison, tout en me demandant une nouvelle fois s‘ils ne pêchent pas là par excès d‘impatience. Il y a certes dans les sphères qui vous entourent largement plus d’information qu’il n’en est besoin pour qu’un tel évènement advienne, mais cela est d’une façon générale le cas en tout temps et en tout lieu dans un univers dualiste.

 

Le déclencheur se situe ailleurs, car la mise en branle d’un processus ascensionnel collectif passe toujours en premier lieu par le franchissement d’un seuil critique d‘évolution, seuil qui dans l’histoire de ton humanité n‘a à ce jour été franchi qu‘à de très rares occasions et à des échelles très locales. Si un potentiel ascensionnel inhabituel est à ce jour à votre portée, cela tient uniquement au fait que votre civilisation désormais mondialisée rend envisageable sur terre le fascinant scénario d’une ascension globale, planétaire. Mais ce n’est que si un nombre suffisant d’individus génère plus de forte valeur ajoutée informationnelle par une pratique assidue de la vertu de l’amour que cette potentialité aura une chance de s’activer, et que les vannes de l’information parviendront à s’ouvrir assez pour changer ton monde. Chacun des habitants de la terre a donc s’il souhaite voir advenir cela la responsabilité première de travailler sur lui afin de devenir un meilleur dispensateur d’amour, tout en gardant à l’esprit que si son initiative manque d’efficacité ou qu’elle n’est pas suivie par suffisamment d’autres individus, elle restera sans la moindre once d’effet sur la marche du monde où il évolue.

 

Consolation de taille, un tel travail est, je me répète encore une fois, individuellement dans tous les cas d’une grande importance pour celui qui le pratique. Que cela te plaise ou non, il te faut en effet admettre que, conséquence des lois de l’information qui régissent les mondes, une incontournable et implacable méta morale existe et s’applique à tous les habitants de la terre, et plus généralement des mondes dualistes. Il est donc primordial pour toi de comprendre les véritables enjeux informationnels de l’amour, souvent bien éloignés des tenants et aboutissants de tes petites pérégrinations affectives et sexuelles. Cultiver l’amour n’est fondamentalement rien d’autre qu’améliorer les contenus informationnels que tu offres au monde. Que tu le veuilles ou non, que tu le saches ou non, tu brodes en effet tout autour de toi en permanence de l’information, te créant ainsi une aura informationnelle qui non seulement diffuse dans le monde environnant, mais aussi dont la nature et la qualité sont les déterminants de ton avenir. Car les lieux que ta conscience rencontre, où que tu sois, qui que tu sois, sont tous directement déterminés par cette empreinte informationnelle que tu laisses partout où tu passes. Quelque soit le lieu où il se trouve, personne n’est promis au ciel ni condamné à l’enfer, chacun ne fait qu’atterrir dans les sphères informationnelles qui lui correspondent.

 

Ainsi en est il depuis toujours, et pour toujours. Là est le karma. Telle est la loi. Qui se ressemble s’assemble. »

 

Voilà, tout est dit…

 

Ce savoir me permettra-t-il pour autant d’échapper aux griffes de l’angoisse lorsque sonnera pour moi l’heure du grand passage ?

 

 

 

Par Looshmaker, commencé le 3 novembre 2010.

 

 

 

 

 

Qu’en est-il de la liberté ?

 

Est-ce que chacune de nos pensées, chacun de nos actes

a été guidé, non, dirigé et contrôlé

dans le seul but de produire plus de Loosh,

de quelque manière que ce soit,

pour un petit déjeuner

ou un réservoir de fuel

dans un Quelque part quelconque ?

 

Et que pourrais-je y faire ?

 

 

Robert Monroe,

Fantastiques expériences de voyage astral, 1985.

 

 

 

 

Mesure la richesse de ta vie aux épreuves que tu as traversé,

et non pas à la quiétude que tu as connu.

 

 

Yann La Flèche,

La prophétie du cinquième règne, 2005.

 

 

 

 

Nous vivons dans un monde où rien n’a plus de valeur qu’un acte d’amour inconditionnel posé au cœur de l’abomination.

 

Nous avons, volontairement, quitté la Lumière pour faire l’expérience de la dualité et, tôt ou tard, nous finirons par trouver les moyens de retourner, considérablement enrichis du point de vue de l‘amour, dans la Lumière.

 

 

Looshmaker,

L’abominable perfection du monde, 2010-2014.

 

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M
excellentissime Messire Loosh<br /> <br /> >Je vous frais dire,(! ! ! ) que toutes vie doué d'existence ne peut ce perpétrer dans l'immobilisme ...<br /> <br /> >Bien a vous très chers !
Répondre
R
Exellentisime pour ne pas dire +++
Répondre
L
<br /> <br /> Dommage qu'à ce jour cet avis ne soit pas partagé par plus d'individus... Pourquoi diable nos frères humains, quand il s'agit de s'interroger sur leurs origines et leur devenir, préfèrent-ils,<br /> plutôt que de venir ici ou en d'autres lieux inspirés par un minimum de connaissance, aller gober des salades vieilles de 4000 ans où on essaye de leur faire croire qu'un dieu a fabriqué une<br /> femme avec une côtelette...<br /> <br /> <br /> <br />